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"Christ est ressuscité ! Alléluia ! ... " Prédication de sœur Christiane Jouve 27 mars 2016

Soeur Christiane Jouve à Alençon.jpgDimanche 27 mars 2016, Pâques à Alençon, paroisse EPUdF 

Prédication de Sœur Christiane Jouve, communauté de Pomeyrol

 

« Christ est ressuscité ! Alléluia !

  • Il est vraiment ressuscité, Alléluia ! »

C’est le cri joyeux de beaucoup de chrétiens aujourd’hui, par toute la terre !

Mais rappelons-nous que celui que nous fêtons aujourd'hui, c'est bien Jésus le crucifié qui est ressuscité : c'est celui qui a accepté de vivre notre souffrance et notre mort, d'aller avec nous jusque là ...et qui nous a ainsi révélé jusqu'où va l'amour de dieu pour l'homme.

Le ressuscité du matin de Pâques porte les marques de sa passion, même dans son corps de ressuscité !

Ainsi donc, c’est bien avec toute la réalité de notre humanité, avec celles et ceux qui sont dans la joie et avec ceux qui souffrent, avec toute la réalité de notre création qui souffre et espère, que nous affirmons aujourd'hui la victoire de la vie sur toute forme de mort et de destruction : Oui, « Christ est ressuscité ! Alléluia ! Il est vraiment ressuscité, Alléluia ! »

 

Lectures bibliques * :   Esaïe 55, 1 à 11

                                   Colossiens 3, 1 à 4

                                   Jean 20 : 1 à 18

 

Prédication.

 

« Vous tous qui avez soif »…Cet appel est adressé à tous, sans distinction !

Il concerne tous ceux qui ont soif.

Et c’est une invitation à venir aux sources d’eau…

On dirait aujourd’hui à venir se ressourcer !

 

Si nous réfléchissons à nos soifs, ce serait presque une banalité de dire qu’elles sont multiples. Je ne vais pas énumérer les soifs les plus courantes : soifs d’amour, de reconnaissance, d’une vie qui a un sens, qui en vaut la peine…soif, aussi, de sécurité, et parfois, soif de confort, soif d’argent ou de pouvoir…bref : pour ne pas être dans les généralités, disons que chacun connaît…plus ou moins, ses propres soifs ! et on essaie de « faire avec » !...ou de les combler, comme nous le pouvons !

 

Souvent, nos soifs nous viennent de nos manques, réels ou conditionnés par notre société…

On pourrait aussi dire qu’elles viennent de ce qui a laissé un vide en nous…et elles nous poussent alors à être des hommes et des femmes en recherche !

 

Que cherchons-nous ?

Qu’est-ce qui étanchera nos soifs ?

Qui étanchera plus profondément notre soif ? Ce qui est sous nos soifs …cette soif qui est dans la profondeur de notre être, à chacun, et que nous ne savons pas bien comment nommer…

 

On pourrait aussi dire, et ce serait  finalement le même questionnement avec d’autres mots : Qu’est-ce qui vaut la peine ? Qu’est-ce qui peut donner à ma vie, à notre vie, son sens, sa vraie densité, sa vraie dignité, sa joie ?

 

Le prophète Esaïe dit qu’il ne faut pas s’épuiser pour ce qui n’en vaut pas la peine !

 

Dans l’évangile, les disciples sont aussi des hommes en recherche. Marie cherche…

Les disciples courent à la recherche de l’ami, du maître, du guide, perdu ! Ils cherchent un  mort !... et ils ne le trouvent pas : ils ne trouvent que les traces du passage d’un vivant !

Ils ne comprennent pas, mais ils croient.

La rencontre se fera…ailleurs, plus loin ! De façon, une fois de plus, déroutante, surprenante : Aujourd’hui, il faut continuer la route !

 

Marie pleure en cherchant à retrouver un passé révolu. Celui qu’elle a suivi, aimé, qui donnait sens à sa vie, elle l’a perdu. Elle n’a plus rien à quoi se raccrocher, pas même un cadavre qu’elle pourrait prendre, garder.

Et voici que quelqu’un lui parle.

Elle est rencontrée.

Elle se retourne…il l’appelle par son nom : elle est retournée !

Retournée vers la vie.     

Retournée vers l’autre et vers les autres. L’amour l’appelle non pas à tenir, mais à aller vers… les mains vides, forte de cette seule parole reçue : son nom prononcé par celui qui la connaît mieux qu’elle ne se connaît elle-même, et cet envoi : va dire à mes frères…

 

Alors que nous avons parfois cherché à tromper nos soifs, à les apaiser, ou à nous en distraire de tant de manières…voici qu’il nous est donné un temps où, comme les disciples, nous sommes devant ce manque radical : Pâques c’est d’abord un vide, une absence…qui nous fait aller plus loin ! Rien à tenir ou à retenir, mais les signes d’un passage, et une parole à recevoir…une parole qui nous atteste que nous sommes connus par notre nom, chacun, chacune…Ce Vivant imprenable nous connaît dans l’amour …il nous décharge de nos culpabilités morbides, sa parole nous rejoint dans nos tristesses et nos abandons, il nous rend à nous-mêmes, il nous retourne vers la vie par delà tout ce qui en nous peut encore faire obstacle à la vie, à la confiance et à l’amour…Par sa parole, il nous rend libre d’aller vers.. ; libres de vivre…

 

Dans l’écoute de sa parole, dans le baptême et la cène, il nous est toujours offert d’accueillir ce vis-à-vis …d’accueillir sa vie pour nous ! De nous laisser ressourcer !

 

« Vous tous qui avez soif, venez aux sources d’eau »…

Le symbole de l’eau est à la fois un symbole de mort et de vie.

On se noie dans l’eau mais aussi on naît de l’eau…

Baptisés, nous pouvons naître à une vie nouvelle à tous les âges de la vie.

 

Le ressourcement rime ici avec le retournement.

Quelqu’un m’a dit, un jour, « je ne suis pas retournée »

Il y a des personnes qui peuvent dater précisément le moment où leur vie s’est retournée vers le Christ.

D’autres voient des étapes…réalisant que leur vie a été accompagnée.

Pour d’autres, c’est un événement fort où quelque chose s’est passé…quelque chose a passé ! D’autres ne voient rien du tout !

Tout cela, ce sont des expériences personnelles précieuses…Et en même temps, par delà ce qui est subjectif, il y a ce qui est le plus important et qui ne dépend pas de nous : cet événement pascal, que nul ne peut prouver, mais qui a retourné le sens de l’histoire. De toute l’histoire et de nos histoires personnelles !

 

Depuis la première Pâque, la vie a pris un autre sens : de passage en passage, au travers de la mort, elle va vers la vie en plénitude. Ainsi, nous qui sommes là, pour célébrer cet événement incroyable, et qui pourtant est devenu fondamental pour toute une civilisation judéo-chrétienne, l’événement de Pâque, nos vies sont dans ce même mouvement pascal : Nous n’allons plus de la naissance à la mort mais de passage en passage vers la vie…Un Autre nous aimante depuis son avenir, il vient nous donner son présent, il nous attire dans sa vie. Et, tournés vers lui, nous retrouvons auprès de lui tous ceux qui nous ont précédés dans la vie.

Ainsi, nos vies vont désormais de commencement en commencement, jusqu’au commencement qui n’a pas de fin, comme l’a dit un Père de l’Eglise.

Alors, bonne Pâque à vous tous ! Amen.

 

Sœur Christiane Jouve, communauté de Pomeyrol

 

* Lectures bibliques

 

Esaïe 55, 1 à 11

1Vous tous qui avez soif, venez aux eaux, Même celui qui n'a pas d'argent ! Venez, achetez et mangez, Venez, achetez du vin et du lait, sans argent, sans rien payer !2Pourquoi pesez-vous de l'argent pour ce qui ne nourrit pas ? Pourquoi travaillez-vous pour ce qui ne rassasie pas ? Écoutez-moi donc, et vous mangerez ce qui est bon, Et votre âme se délectera de mets succulents.3Prêtez l'oreille, et venez à moi, Écoutez, et votre âme vivra : Je traiterai avec vous une alliance éternelle, Pour rendre durables mes faveurs envers David.4Voici, je l'ai établi comme témoin auprès des peuples, Comme chef et dominateur des peuples.5Voici, tu appelleras des nations que tu ne connais pas, Et les nations qui ne te connaissent pas accourront vers toi, A cause de l'Éternel, ton Dieu, Du Saint d'Israël, qui te glorifie.6Cherchez l'Éternel pendant qu'il se trouve ; Invoquez-le, tandis qu'il est près.7Que le méchant abandonne sa voie, Et l'homme d'iniquité ses pensées ; Qu'il retourne à l'Éternel, qui aura pitié de lui, A notre Dieu, qui ne se lasse pas de pardonner.8Car mes pensées ne sont pas vos pensées, Et vos voies ne sont pas mes voies, Dit l'Éternel.9Autant les cieux sont élevés au-dessus de la terre, Autant mes voies sont élevées au-dessus de vos voies, Et mes pensées au-dessus de vos pensées.10Comme la pluie et la neige descendent des cieux, Et n'y retournent pas Sans avoir arrosé, fécondé la terre, et fait germer les plantes, Sans avoir donné de la semence au semeur Et du pain à celui qui mange,11Ainsi en est-il de ma parole, qui sort de ma bouche : Elle ne retourne point à moi sans effet, Sans avoir exécuté ma volonté Et accompli mes desseins.

 

Colossiens 3, 1 à 4

1Si donc vous êtes ressuscités avec Christ, cherchez les choses d'en haut, où Christ est assis à la droite de Dieu.           2Affectionnez-vous aux choses d'en haut, et non à celles qui sont sur la terre.3Car vous êtes morts, et votre vie est cachée avec Christ en Dieu.4Quand Christ, votre vie, paraîtra, alors vous paraîtrez aussi avec lui dans la gloire.                                  

 

Jean 20 : 1 à 18

1Le premier jour de la semaine, Marie de Magdala se rendit au sépulcre dès le matin, comme il faisait encore obscur ; et elle vit que la pierre était ôtée du sépulcre. 2Elle courut vers Simon Pierre et vers l'autre disciple que Jésus aimait, et leur dit : Ils ont enlevé du sépulcre le Seigneur, et nous ne savons où ils l'ont mis.3Pierre et l'autre disciple sortirent, et allèrent au sépulcre.4Ils couraient tous deux ensemble. Mais l'autre disciple courut plus vite que Pierre, et arriva le premier au sépulcre ;5s'étant baissé, il vit les bandes qui étaient à terre, cependant il n'entra pas.6Simon Pierre, qui le suivait, arriva et entra dans le sépulcre ; il vit les bandes qui étaient à terre,7et le linge qu'on avait mis sur la tête de Jésus, non pas avec les bandes, mais plié dans un lieu à part.8Alors l'autre disciple, qui était arrivé le premier au sépulcre, entra aussi ; et il vit, et il crut.9Car ils ne comprenaient pas encore que, selon l'Écriture, Jésus devait ressusciter des morts.10Et les disciples s'en retournèrent chez eux.11Cependant Marie se tenait dehors près du sépulcre, et pleurait. Comme elle pleurait, elle se baissa pour regarder dans le sépulcre ;12et elle vit deux anges vêtus de blanc, assis à la place où avait été couché le corps de Jésus, l'un à la tête, l'autre aux pieds.13Ils lui dirent : Femme, pourquoi pleures-tu ? Elle leur répondit : Parce qu'ils ont enlevé mon Seigneur, et je ne sais où ils l'ont mis.14En disant cela, elle se retourna, et elle vit Jésus debout ; mais elle ne savait pas que c'était Jésus.15Jésus lui dit : Femme, pourquoi pleures-tu ? Qui cherches-tu ? Elle, pensant que c'était le jardinier, lui dit : Seigneur, si c'est toi qui l'as emporté, dis-moi où tu l'as mis, et je le prendrai.16Jésus lui dit : Marie ! Elle se retourna, et lui dit en hébreu : Rabbouni ! c'est-à-dire, Maître !17Jésus lui dit : Ne me touche pas ; car je ne suis pas encore monté vers mon Père. Mais va trouver mes frères, et dis-leur que je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu.18Marie de Magdala alla annoncer aux disciples qu'elle avait vu le Seigneur, et qu'il lui avait dit ces choses.

 

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